
France – Islande : enfin, les Vikings attaquent
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Dans un Parc des Princes qui n’a pas encore affiché complet, l’Équipe de France recevra l’Islande pour continuer sa campagne de qualifications à la Coupe du Monde 2026. S’il serait étonnant de ne pas terminer avec les trois points, les Bleus devront malgré tout faire attention à la nouvelle génération de Reykjavik, emmenée par le Lillois Hakon Haraldsson. Une escouade qui n’a plus grand-chose à voir avec la grande équipe de l’Euro 2016.
Quatre passes en une touche de balle en cinq secondes, avant que Jón Dagur Þorsteinsson serve Isak Bergmann Jóhannesson pour marquer dans la cage vide. Cette magnifique action d’école montre bien la correction que l’Islande a posé contre l’Azerbaïdjan (5-0), qui en profita pour renvoyer son sélectionneur Fernando Santos. Didier Deschamps le soulignait lui-même en conférence de presse : « Il y a une évolution dans les capacités qu’ils ont à ressortir au sol et construire des actions. » Si ce but n’a pas fait le tour du monde comme il aurait dû le faire, il pose malgré tout une question autour de la sélection nordique. Comment une équipe, davantage réputée pour sa rugosité et sa simplicité tactique, est-elle passée au statut de menace offensive ?
De l’indoor dans les pieds
À l’image des pays scandinaves, l’Islande a souvent été vue comme un pays aux footballeurs bruts, se reconnaissant davantage par ses qualités physiques et défensives, plutôt que son esthétisme. Si les dernières années ont permis de briser ces clichés avec les montées en puissance d’Alexander Isak, Martin Ødegaard ou Mikkel Damsgaard, le constat est de même pour le pays de glace. Aux Kolbeinn Sigthorsson, se sont suppléés des talents comme Hákon Arnar Haraldsson, Orri Steinn Óskarsson (Real Sociedad), Isak Bergmann Jóhannesson (Köln). Auxquels se rajoutent des joueurs adroits en pointe, tels qu’Albert Guðmundsson (Fiorentina) ou Brynjólfur Willumsson (Groningen), actuellement meilleur buteur d’Eredivisie. Si certains ne sont pas en réussite en club, tous possèdent la même fibre, celles de posséder des facilités avec ballon.
Un point commun qui ne vient pas de nulle part. Étant donné les températures glaciales du pays et un été raccourci, les terrains ont tendance à être vite inutilisables. Alors on en construit d’autres, qu’il s’agisse de terrains synthétiques ou indoor. Une stratégie propre aux pays nordiques, rien qu’avec le célèbre terrain de Bodø/Glimt. Une avancée suivie par Thorlakur Arnason, ancien sélectionneur des équipes de jeunes : « À partir de ce moment, les équipes ont commencé à s’entraîner à l’intérieur, beaucoup de tournois et de matchs ont commencé à se jouer indoor. Cela a eu un énorme impact, et a fait revenir le foot de rue. » Un football qui se joue 24h/24, sept jours sur sept, rapprochant certains comme Haraldsson et Jóhannesson, tous deux ayant fait leurs gammes dans la petite ville d’Akranes.
Même les Vikings savent jouer au foot
Pourtant, si l’on retrouve de véritables manieurs de ballon, Strákarnir okkar (nos garçons, en islandais) n’arrive pas à former un nouveau pilier défensif, à l’image d’un Ragnar Sigurdsson. Si bien que la sélection sur des solutions plus expérimentées et encore opérationnelles, comme Sverrir Ingi Ingason (Panathinaïkos) ou Victor Pálsson (Horsens). Un point faible qui leur fera défaut le 26 mars 2024, date du barrage du championnat d’Europe. Malgré un jeu égal avec l’Ukraine, les multiples assauts de Viktor Tsygankov et Mykhailo Mudryk les empêcheront d’aller en Allemagne (2-1). Quelques mois plus tard, Åge Hareide, coach de grande renommée dans les pays nordiques, tirera sa révérence pour laisser le banc à une solution locale : Arnar Gunnlaugsson.
Tout droit arrivé de Reykjavik, l’ancien attaquant de Sochaux arrive avec un gros bagage. Deux fois champion d’Islande (2021, 2023) et quatre fois vainqueur de la Coupe, il aida le Víkingur à se hisser jusqu’à une phase finale de Conference League. Si la démonstration de vendredi dernier s’est faite avec une défense à trois, celui qui est aussi natif d’Akranes demeure adepte d’un 4-4-2 plus moderne, où les ailiers sont grandement sollicités, le dispositif est plus fluide et où il demeure plus simple de trouver les espaces. Avec Breiðablik, son football a contribué à un football islandais tourné vers l’attaque, là où les anciens champions allaient rarement au-delà d’un but par match. Ce soir sera celui d’un gros test au Parc des Princes, contre une équipe qui leur a tant fait défaut au cours des dix dernières années. Même si les autres bleus ne risquent pas d’avoir souvent le ballon entre les pieds, ce match reste une occasion parfaite pour voir le public renouer avec sa sélection, entachée par des scandales sexuels en 2021.