Suite à une saison 2021-2022 en demi-teinte sous les ordres de José Bordalás, les supporters valenciens ont connu un été mouvementé du côté de la direction. Licenciement du virulent président Anil Murthy, intérim assuré par Sean Bai… Puis, le retour au poste de l’ex-présidente Lay-Hoon Chan (2015-2017). En point d’orgue de cette profonde restructuration directionnelle, le club Che a connu l’arrivée d’un nouvel homme sur son banc cet été. Cet homme, vous le connaissez, c’est Gennaro Gattuso.
Le technicien italien a été nommé dans un contexte extrasportif bouleversé, mais tout autant dans le registre sportif. Après une cruelle mais exaltante finale de Copa Del Rey perdue face au Betis, les émotions étaient omniprésentes. Ce qui était malgré tout loin de présager une éviction de Bordalas. Le tournant de cette affaire prit véritablement lieu le 4 juin 2022. Lorsque, suite à de nombreuses rumeurs concernant l’avenir de Bordalás, la nouvelle fut annoncée. Le technicien d’Alicante était démis de ses fonctions. Un choc pour l’univers valencianista, qui n’y aurait jamais pensé. Quelques jours plus tard, le nouveau coach était officialisé : Gennaro Gattuso sera l’entraîneur du Valencia CF pour les 3 prochaines années.
Le choix de l’ancien champion du monde 2006 pour remplacer Jose Bordalás en étonna plus d’un du côté de la côte est. Un véritable mélange entre certains étant optimistes, d’autres moins.
Après la « Bordaleta », il s’agirait donc maintenant de la « Gattuseta », les internautes ches s’en donnant à cœur joie sur les réseaux sociaux. Concentrons-nous avant sur les objectifs du coach italien face à cette nouvelle aventure. Tout d’abord, Gattuso s’est montré optimiste lors de son arrivée à Valence. Affichant le visage du Gattuso heureux, déterminé et conscient des enjeux qui se présenteraient à lui. « Je suis très heureux de venir pour la première fois à Valence. Je m’engage au sein d’une équipe historique qui a plus de 100 ans d’Histoire, c’est donc pour moi un immense honneur ! », affirma-t-il lors de son arrivée à l’aéroport de Manises.
Le natif de Corigliano Calabro a continué d’appuyer sur son estime du club Che. « Aujourd’hui, en étant à la Cité Sportive de Paterna, j’ai réalisé à quel point le VCF était un grand club. Je peux le placer au même niveau que le Napoli ou encore le Milan AC. ». Tout en expliquant son projet de jeu, aux antipodes de l’image qu’on peut se faire de Gattuso en tant que joueur. « La principale différence entre le Gattuso joueur et l’entraîneur est évidente. Le joueur aimait gagner et courir sans s’arrêter. Aujourd’hui, j’aime les joueurs qui réfléchissent, avec de la technique et une tête. » Il affichait donc une ambition footballistique qui va de paire avec son projet de jeu (tout autant offensif) mis en place au Napoli.
Enfin, « Il Rino » a également exposé ses principes de sacrifices et de professionnalisme collectif qui lui semblent extrêmement chers. « Nous allons travailler très dur. Mon staff et moi n’avons aucune crainte, je pense que nous pouvons faire un grand travail. ». Cette réussite qui passerait par un dévouement collectif et un professionnalisme accru s’accompagne également d’un mercato à la hauteur de ses ambitions. Celles de revenir en Europe. Le coach italien voulant « laisser la même trace à Valence que Cholo Simeone à l’Atletico », rien que ça !
Dans un club fortement remanié dans l’organigramme, il va de soi qu’il l’est aussi dans l’effectif. Du côté sportif, deux départs majeurs sont à noter. Gonçalo Guedes et Carlos Soler, deux piliers du club depuis plus de trois ans, qui laisseront un grand vide à Mestalla. En réaction, les dirigeants ont tenté de le combler avec certaines arrivées. L’enjeu de ce dernier mercato, en plus de créer une équipe solide et cohérente pour l’Europe, était de trouver un équilibre économique. Par ailleurs, c’est 48 millions de bénéfices qui iront droit dans les comptes de Peter Lim durant l’été, (pour son plus grand bonheur ?). Ce mercato intelligent et économe aura à la fois misé sur le court (multitudes de prêts) et long terme (moyenne d’âge très basse, à hauteur de 23,8 ans)
L’entraîneur italien penche pour un 4-3-3 accordant une certaine importance particulière aux ailes. Ce qu’il a d’ailleurs précisé dès le départ en conférence. « Nous allons sûrement partir sur une ligne de 4 défenseurs, c’est certain. Ensuite, nous pouvons parler de 2 ou 3 milieux de terrains, mais nous aurons le ballon. Nous allons tenter de mettre en place un football que j’apprécie et sur lequel j’ai travaillé depuis 4 ans maintenant. ».
Le tout en exposant des prémices de ses projets tactiques pour l’équipe, celles d’un jeu basé sur la possession de balle, avec une certaine intensité de jeu, ainsi que des phases de construction méticuleuses dans lesquelles les défenseurs centraux joueraient un grand rôle. « Qui pratique un bon football ? Celui qui a du feu en lui, de la passion et une envie de tout donner pour le football ! », L’Italien était donc clair : son objectif est de mettre en place un football offensif, avec du coeur, du « beau jeu ».
Dans sa volonté de construire à partir de la défense, des éléments comme Cömert ou Paulista, de par leurs qualités techniques, permettent une verticalisation, en s’appuyant sur des relances courtes afin de repartir depuis l’arrière-garde de la manière la plus propre possible. Les joueurs principalement touchés par la paire de centraux sont donc les latéraux (Gaya et T. Correia) et, surtout, la sentinelle Hugo Guillamon. Ce dernier, reconverti milieu défensif par José Bordalas, sert de véritable rampe de lancement pour les offensifs valenciens. Il assure un liant entre la défense et la partie offensive de l’équipe à la manière d’un « regista ».
Le volume de jeu de milieux de terrain comme Moriba (prêté à nouveau sans OA, vu comme un successeur de Soler), Musah ou encore Almeida appuie cette verticalisation construite. André Almeida, à ne pas confondre avec son homonyme en maison de retraite au Benfica. Il s’agit d’un espoir du football portugais, transféré 7 millions d’euros en provenance du Vitoria Guimaraes, apportant cette qualité de conservation de ballon et de vivacité. Par les multiples projections du milieu (en particulier Musah), l’équipe de Gattuso parvient à casser des lignes balle au pied. Ce qui s’avère efficace durant les transitions, face à des blocs déséquilibrés.
Aussi, si la défense se voit relancer sur les latéraux, la relation ailiers-latéraux prendra tout son sens. En l’occurrence Castillejo – Correia à droite, et Samuel Lino – Gayá à gauche. En effet, un joueur comme José Gayá (qui a prolongé récemment, comme la légende du club qu’il est), capable de dédoubler et de centrer, est un élément-clé du XI. Allié à la qualité de percussion de Samuel Lino (brésilien très fugace, sorti de Gil Vicente, repérable très facilement par ses dribbles). De l’autre côté, le volume de jeu de Thierry Correia, bien aidé par ses qualités athlétiques considérables, lui permet de conjuguer percées offensives et retours défensifs.
La ligne d’attaque connaît plusieurs points forts exploitables : des dribbleurs nés ainsi qu’un finisseur redoutable. En effet, l’arrivée du matador Edinson Cavani dans la surface est souvent source de but pour Valence. En s’appuyant principalement sur des ballons amenés par les ailiers ou latéraux. Ses décrochages permanents permettent aussi de libérer des espaces dans l’axe (Lino et Kluivert s’engouffrant fréquemment dans cet espace). Ainsi que, parfois, un surnombre à la relance lorsque les défenseurs font face à un pressing haut.
En phase défensive, Valence mise sans surprise sur une défense à quatre. Leur robustesse ainsi que leur qualité technique assurent un certain équilibre au bloc valencien. Au milieu, se dessine un véritable triangle où Guillamon joue le rôle de sentinelle. Le tout bien appuyé par le duo Almeida (Moriba) – Musah, capable de gêner leurs adversaires directs dans l’entrejeu par leur impact physique. Du côté du trident offensif, les efforts succincts de Cavani ou son remplaçant Hugo Duro permettent de mettre la pression sur la relance adverse. Mais aussi d’assurer quelques récupérations hautes profitables à l’équipe. Dans ce cadre cohérent, Gattuso met donc en place un bloc médian, accompagné d’un pressing régulier, et un contre-pressing considérable, notamment lors de pertes de balles dans l’entrejeu.
À l’issue des six matchs de pré-saison, le bilan comptable de Gattuso était loin d’être extraordinaire. Trois victoires, un nul et deux défaites. Cependant, le contenu en était tout autre, et le contraste avec le plan de jeu de Bordalás était abyssal ! Projections rapides, circuits de passes extrêmement travaillés, construction efficace et réfléchie, pressing intense, bloc en mouvement, possession de balle au service du jeu… Tout y est ! Cette mentalité prônée par Gattuso est, par exemple, parfaitement illustrée par le but du regretté Gonçalo Guedes face au club suisse de Saint-Gall, dont la finition résultait d’un travail collectif de haute volée.
Quant à La Liga, cette tendance semble se confirmer au bout de six mois. Après avoir entamé sa saison par une victoire âpre contre Girona, les premières limites de ce groupe sont apparues. Une fois Valencia domine Getafe, le Celta et le Betis avec la manière, et sur les matchs suivants Valencia se prend les pieds dans le tapis contre l’Atletico, Bilbao… et même le Rayo et Elche. Et ce pour des raisons qui peuvent différer au fil des matchs. De cruels manques d’efficacité et une difficulté à enchaîner les matchs. Ces maux se sont ultérieurement manifestés, avec une irrégularité criante marquée par une défaite à domicile face au RCD Mallorca et au FC Barcelone, qui ont précédées deux résultats louables. Match nul à San Sebastian contre la Réal Sociedad puis une victoire exceptionnelle (3-0) contre le Betis.
Ainsi, après quatorze journées de Liga, l’espoir reste de mise sur la côte est espagnole. L’ambitieuse philosophie de Gennaro Gattuso satisfait. Mais elle ne fait, pour l’instant, que rêver les supporters « blanquinegres », qui attendent une accession à l’Europe depuis désormais trois longues années…
Paul-Marien Grélard
Crédit photo en Une : Eurosport via Getty Images.
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