Vainqueurs du Dnipro au tour précédent, le Panathinaïkos sera le premier adversaire en match officiel de l’OM de Marcelino. Les 9 et 15 août, les yeux du sud de la France seront tournés vers ce match couperet de Ligue des Champions. Match déjà si important pour la réussite de cette saison. La question est alors : que vaut le club au trèfle ?
« Jouer au Pana ? C’est extraordinaire ! C’est des émotions que j’ai rarement connu. C’est carrément fou pour quelqu’un qui n’est pas Grec, qui arrive dans le championnat grec sans le connaître et de repartir avec des bagages plein d’amours, de joies et de super souvenirs. «
Evidemment, quand le tirage désigna Marseille et le club d’Athènes, beaucoup de médias se sont empressés de consulter Djibril Cissé, icône ayant fait vibrer les filets et les cœurs des deux clubs à de nombreuses reprises. Dans son intervention à RMC, l’ancien international n’a pas vraiment exploré la situation actuelle du club, mais plutôt comparé les ambiances démentielles que peuvent avoir les deux clubs. Mais ce n’est pas le seul point commun que ces deux clubs peuvent partager. Au-delà de la ferveur, on peut aussi penser à leur magnifique histoire en Coupe d’Europe, la plus prestigieuse de leurs pays respectifs. Ou alors que tous deux courent après un nouveau titre de champion depuis 2010.
Mêmes si les deux clubs travaillent de manière satisfaisante, il n’empêche que leurs plus grandes années restent derrière elles. On ne va pas vous faire l’affront de parler de Basile Boli, mais plutôt des années 60-70 du Pana’. Gagnant seulement quelques titres à l’époque où le football était encore très amateur, le grand boum va venir à l’initiative d’un homme : Stjepan Bobek. Elu meilleur joueur de l’histoire du Partizan, le yougoslave va devenir entraîneur du club en vert en 1963. Là-bas, il y imposera une identité qui marquera le club pendant très longtemps : une priorité vers les jeunes, de préférence formés au club. Ainsi que l’instauration d’une tactique en 4-3-3, qui amènera de nombreux titres au club. Preuve étant, pour sa première saison à la tête du club, le Panathinaïkos sera champion de Grèce, sans la moindre défaite. Efficace.
Cependant, ce ne sera pas lui qui mènera le club au sommet. En 1967 arrive le coup d’état en Grèce, connu sous le nom de junte des colonels, mené par Georgios Papadopulos. Par conséquent, le président du club est démis de ses fonctions, tout comme Bobek. C’est à partir de là que le trèfle commencera à engranger les titres, avec l’idéologie du yougoslave. Les entraîneurs se succèdent, mais le plus grand jour de l’histoire du club restera en 1971, sous la direction de… Ferenc Puskas. Rare moment de gloire dans sa carrière d’entraîneur. A l’aide d’un 4-3-3 prémâché et des mêmes jeunes rendus à leur âge d’or, le Panathinaïkos se hissera jusqu’en finale de Ligue des Champions. La seule finale de Coupe d’Europe d’un club grec jusqu’à nos jours. Le tout avec une équipe empilant les légendes du club, mais dont ressort le duo du buteur boulimique Antonis Antoniadis (dix buts dans la compétition), avec son maestro, le « Général » Mimis Domazos. Toujours considéré par beaucoup aujourd’hui comme le meilleur joueur grec de tous les temps. Rien que ça. Mais l’Ajax de Cruyff était déjà trop fort, et collecte la première C1 de son « threepeat ».
Si après ça, ils n’iront jamais aussi loin (malgré deux demi-finales et un statut d’équipe récurrente dans les années 2000), le club possède une histoire de grande taille avec la plus prestigieuse des compétitions, et un match contre l’OM n’a en aucun cas un air de David contre Goliath. Mais de nos jours, elle vaut quoi, cette équipe du Panathinaïkos ?
Les verts ont connu pas mal de déboires durant la décennie 2010, un peu encore une fois, à l’image de l’OM. Mais sans vrai moments de repos à la Bielsa ou 2018. Suite à des problèmes financiers grandissants et des émeutes monstres entre le Pana et l’Olympiakos en mars 2012, c’est tout le board qui va faire ses valises. Y compris Giorgos Vardinogiannis, dans les hautes sphères du club depuis 33 ans. D’ici-là, la période du moyen arrive. Celle où ton club, pourtant deuxième plus grand club du pays, ne gagnera plus rien, ne sera jamais parmi les favoris au titre. Celle où tu n’as pas de stabilité financière, qui par conséquent t’empêche de faire venir les Djibril ou les Gilberto Silva que tu pouvais faire venir avant. Pendant ce temps, l’Olympiakos engrange dix titres de champion depuis 2011, sans pouvoir rien faire en retour.
En clair, pas grand-chose d’épique dans cette décennie. Juste de quoi être dans une situation assez correcte pour décrocher des places européennes, faire des coucou (très rapides) en Europa League. On n’est pas dans l’enfer qu’a pu vivre l’AEK, mais il y a quand même des frayeurs. Comme au printemps 2018, où l’UEFA exclut le club de toutes compétitions européennes pendant trois ans, pour « manquements au Fair-play financier ». La fédération grecque y va aussi en imposant des retraits de points sur deux saisons. Sans oublier des relations désastreuses entre les supporters et le propriétaire, monsieur Giannis Alafouzos, et c’est tout bon. Le Panathinaïkos terminera onzième du championnat grec lors de la saison 2017-2018, puis huitième l’année suivante. Les deux pires classements de son histoire.
Si on doit parler du Panathinaïkos, c’est bien qu’il y a eu un électrochoc. C’est le cas. Le retournement de situation arrive à l’été 2021, lorsque le board aura la bonne idée d’aller chercher le serbe Ivan Jovanovic comme nouvel entraîneur. S’il est d’ex-Yougoslavie comme Bobek, la comparaison s’arrêtera là. Car ce sont deux entraîneurs diamétralement opposés dans leurs idées de jeu et dans leur fonctionnement.
Bobek a instauré le 4-3-3 comme tactique phare dans l’histoire du club ? C’est avec un 4-2-3-1 que Jovanovic a fait ses armes, même s’il a montré qu’il pouvait utiliser le 4-3-3. Mais pas pour pas faire plaisir aux supporters, plutôt avec deux milieux défensifs pour tenir un résultat. Bobek faisait confiance aux jeunes issus du centre ou du pays ? Bonne chance pour trouver un grec ou un joueur de plus de 25 ans dans une équipe de Jovanovic. La seule exception cette saison semblera être Giannis Kotsiras, au poste de latéral droit. On imagine les équipes de Bobek comme flamboyantes et très portées vers l’avant ? Aujourd’hui, c’est verrous, grosse assise défensive et gestion de match intelligente.
Cette idéologie a porté ses fruits, non loin de là. Entre des passages aux Emirats, Jovanovic a bâti la grande époque de l’APOEL comme la plus grande dans l’histoire du football chypriote. En plus de trois titres de champion, il enverra le club vers deux qualifications historiques en Ligue des Champions. Qui iront vers le délirant ce jour de mars 2012, lorsque ce même APOEL ira jusqu’en quarts de finale, en sortant l’Olympique Lyonnais. Et c’était déjà l’heure des verrous, des trentenaires partout sur le XI, ou même des Dionisis Chiotis héroïques dans les cages.
En apportant sa patte, le technicien serbe a remis le Panathinaïkos sur le droit chemin. Pas celui des titres, mais cela ne saurait tarder. Preuve en est avec la course au titre. Avec un Olympiakos désordonné, la voie était libre pour les autres clubs d’Athènes (ou les vrais, c’est selon). Et c’est bien les verts qui seront en tête, à la fin de la saison régulière. Avec des statistiques collectives dépeignant bien le ressenti sur terrain. Seulement douze buts encaissés en 26 matchs, pour trente-huit buts marqués. Pablo Correa s’est évanoui. Mais ça ne suffit pas en Grèce, car il y a une phase de playoffs avec les membres du top 6 pour réellement se départager. Si les hommes de Jovanovic ont fait une fin de saison honorable en accrochant deux fois l’AEK (par un 0-0, ça ne s’invente pas), il y aura une défaite en dix matchs. Celle de trop. A l’avant-dernier match, leur rival de l’Olympiakos n’ayant plus rien à jouer mais aux latéraux très vivaces, ira ravir leur titre sur un but d’Oleg Reabciuk. Concrètement, c’est du même niveau qu’Eder qui inscrit le but libérateur du Portugal à l’Euro. L’AEK ne perdra jamais durant ces barrages, et passera en tête dans les dernières journées. Un verrou ayant lâché au pire moment.
En suivant les deux équipes alignées contre le Dnipro au tour précédent, voici comment le Panathinaïkos devrait jouer contre Marseille. La modification la plus plausible serait, contre un adversaire plus fort, le recul de Djuricic dans un milieu à trois pour former un milieu à trois. A voir aussi si Tin Jedvaj, tentant une énième relance, complètera vraiment la charnière centrale. Le capitaine Bart Schenkeveld étant forfait et l’ancien troyen Erik Palmer-Brown arrivé trop récemment, cela ne devrait pas changer non plus.
Première chose à voir dans l’effectif, le retour de quelques talents issus des cinq grands championnats. A commencer par Tonny Vilhena, milieu de terrain néerlandais qui n’aura jamais répondu aux attentes énormes, mais se trouvant être un joueur assez sérieux. De plus, il colle très bien à cet aspect de milieu contrôlant le ballon et le tempo en phases de possessions. Le deuxième étant Filip Djuricic, de l’idée de Jovanovic de faire venir des compatriotes. Milieu offensif capable de se projeter, il est resté assez longtemps en Serie A, notamment avec Sassuolo. Les deux joueurs semblent être de très bons coups, puisqu’ils se sont très bien illustrés dès leurs premiers matchs.
Deux autres joueurs à surveiller de très près dans cette équipe grecque, Juankar et Andraz Sporar. Le premier est un latéral gauche de 33 ans, arrivé avant Jovanovic, alors que sa carrière moisissait à Malaga. Devenu un des piliers du club, il se remarque surtout par des relais incessants et une vélocité impressionnante pour son âge. Combinant avec des ailiers plutôt techniques que physiques (Bernard / Palacios côté droit), ses dédoublements sont primordiaux pour casser des lignes et provoquer du danger. Preuve étant au match aller contre le Dnipro, où il aura été à l’origine des trois buts marqués (deux passes décisives et un penalty provoqué).
Le deuxième est un attaquant s’étant aussi relancé en Grèce. Après un échec cuisant au Portugal, malgré la belle idée du Sporting de le faire venir pour 6 millions, le slovène Andraz Sporar est un élément important dans ce système. Pas très prolifique (11 buts en championnat), il reste malgré tout un pivot de bonne qualité. Capable de jouer pour les autres, il sait faire des remises, attirer des défenses pour perturber un bloc, attaquer des espaces…
Malgré cet aspect de collectif efficace en défense et peu spectaculaire, le Panathinaïkos d’Ivan Jovanovic est une équipe de possession. Accumulant les joueurs racés techniquement, le club au trèfle sait enchaîner les longues phases progressives. Ces phases où il faut multiplier les passes, les appels et les combinaisons pour créer les espaces et le danger. On est loin du Droit au But, mais c’est un ensemble au final très pertinent, pouvant faire souffrir des effectifs plus solides sur papier.
Le point négatif principal de cette équipe que Marseille pourra particulièrement travailler, c’est la défense. Cela paraît étonnant vu tout ce qui a été dit, mais il faut savoir distinguer championnat et Coupes d’Europe. La Super League grecque reste encore dans son ensemble un championnat « à l’espagnole », avec un rythme plus posé, plus lent. Ce qui permet de moins voir ce qui fait mal au Pana’ : les transitions défensives. Si on avait pu remarquer un très bon cadrage des centraux au match aller sur Artem Dovbyk, star du Dnipro, il n’empêche que les espaces pouvaient être facilement trouvés par les ailiers ukrainiens. Ces défauts pourront être parfaits pour lancer la saison de joueurs comme Ismaïla Sarr, Iliman Ndiaye ou encore Aubameyang. De plus, le capitaine Bart Schenkeveld n’est pas dans le groupe, ce qui affaiblit un peu plus la charnière.
En d’autres termes, l’Olympique de Marseille reste favori pour atteindre le barrage contre Braga. Cependant, le Panathinaïkos demeure un excellent test pour démarrer la saison. Equipe d’expérience, accompagnée d’un entraîneur ayant implanté son identité de jeu et de joueurs restant d’un très bon niveau, les grecs ont des arguments à faire valoir sur le terrain, comme en dehors. L’ambiance du Leoforos, l’euphorie de retrouver à nouveau la Ligue des Champions… Une grande ville de football affronte une autre grande ville de football, et cela ne pourra pas être manqué.
Pensées à Michalis Katsouris, supporter de l’AEK poignardé à mort dans une bagarre par de lâches supporters du Dinamo Zagreb, dans la nuit de lundi à mardi. Il n’avait que 29 ans. Faites attention à vous si vous vous rendez au stade pour ces matchs.
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