[EDITO] Didier Roustan, c’était LE foot

Une annonce comme un orage, comme un naufrage en ce mercredi 11 septembre 2024 pour les amoureux de football français. Le Président Didier Roustan est parti rejoindre ses idoles d’enfance. Trop soudain, trop brusque pour nous, aficionados du ballon rond, de voir un de nos guides s’en aller si jeune, si tôt, et sans avoir pu lui dire décemment au revoir.

 

C’est une légende du journalisme sportif. Figure emblématique, présentateur, chroniqueur, rédacteur, commentateur, Didier Roustan a donné dans tous les domaines du métier. Sa passion, sa pédagogie et son franc parler ont su au fil des années séduire le public français sur plusieurs générations à travers plus de 45 ans de carrière.

Didier, c’est la figure paternelle qui t’accompagne et qui t’aide à mieux comprendre le monde qui t’entoure, dans le domaine du football. Tu lances Téléfoot dans les années 80, Mag Max puis Stade 2 dans les années 90, et l’Equipe TV ensuite depuis le début des années 2000. Un homme qui transpire le football, surtout le football sud-américain, et qui avait le don pour transmettre son savoir et son expertise.

Soucieux pour les footballeurs, il a toujours été le premier journaliste à prendre leur défense en cas de critique abusive. Son engagement dans la création de l’AIFP, de Foot Citoyen entre autres ont forgé cette image d’un expert respectueux, honnête et sans langue de bois.

 

Le roi du journalisme sportif

Roustan, c’est une plume, une diction et une mise en image qui ont forgé celles des générations de journalistes après lui. On dévore ses documentaires, son blog sur l’Equipe et son dernier ouvrage Puzzle, sorti aux éditions Marabout en 2023. C’est l’Argentine, son pays de coeur, c’est Pelé, Franz Beckenbauer, Luis Fernandez, Johan Cruyff et tant d’autres encore.

Le président à vie de l’Equipe du Soir c’est une aura, un héritage, et une encyclopédie qui ont cessé de battre contre le cancer. Loin d’être fan du football moderne, il en fait la critique mais sait reconnaître la magie du jeu lorsqu’elle opère.

“Aujourd’hui le foot, ça n’arrête pas d’attaquer, de défendre, tu as 35 centres dans le match, ça va à droite, à gauche, regrettait-il. Ils ont voulu tout faire plus spectaculaire pour que les jeunes générations s’intéressent au foot, mais aujourd’hui c’est plus la vitesse que le cerveau, il n’y a plus de temps mort. En même temps la nouvelle génération zappe tellement vite, maintenant les gens sont sur leur portable en même temps qu’il regarde un match de foot, c’est de la surconsommation, plus personne n’est vraiment concentré. Et toutes les équipes jouent de la même façon et tous les joueurs sont les mêmes.”

 

Un héritage que tout journaliste souhaite vivre un jour

 

Didier Roustan a été un des journalistes qui m’ont donné envie d’en apprendre davantage sur le football. Aussi, c’est une inspiration dans la rédaction, le ton et l’attitude que doit avoir un journaliste à l’antenne comme dans un reportage.

J’ai grandi avec l’image de Didier Roustan sur les plateaux télé, dans les journaux, son blog et bien plus encore. J’ai eu l’occasion de rencontrer Didier et échanger quelques instants avec lui. Ces mots résonnent dans ma tête, deviennent un boost et une source d’inspiration en cas de syndrome de la page blanche. En seulement dix minutes avec le personnage, tu as envie d’en apprendre plus sur le football, le journalisme et l’humain.

Le journaliste préféré de mon père sur TF1, un des derniers vrais spécialistes pour mon grand père, il a fait l’unanimité et il est un exemple à suivre pour les prochaines générations de journalistes.

Tu nous as quitté trop vite, trop subitement Didier. Tu étais notre ami qu’on a jamais rencontré à travers l’écran, et ta présence savait embellir tous les plateaux du monde. On aurait aimé te dire au revoir d’une belle manière, mais le cancer en a décidé autrement.

 

Merci pour tout Didier, Président à vie.

Crédit photo : Lionel Vadam – Est Républicain