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Depuis plusieurs années, en Ligue 2 comme en Ligue 1, le Clermont Foot possède une qualité indéniable. Chaque année, elle est la terre d’accueil des artilleurs du ballon rond. De Adrien Hunou en passant par Adrian Grbic ou Mohamed Bayo, tour d’horizon d’une réussite auvergnate.
Un petit tour et puis s’en vont
Dans un contexte économique où le club doit toujours vendre pour gérer son budget, Clermont doit innover d’année en année. Le centre de formation n’a pas toujours permis aux jeunes de s’intégrer sur la durée. Donc les prospects restent à définir. Grâce à une cellule de recrutement innovante, Clermont tient à cœur de trouver ses futurs renforts à moindre prix.
Cependant, un détail crucial rentre en jeu : le joueur doit être performant dès son arrivée. En effet, les attaquants de Clermont restent rarement plus de deux ans au club. Leur valeur marchande doit impérativement permettre au club de dégager des revenus pour survivre. Le buteur le plus « fidèle » depuis 2010 est Rémy Dugimont. Arrivé de Rouen en 2013, Dugimont, par son expérience et son profil de soutien, fut important. En effet, pouvant jouer à la pointe de l’attaque comme sur l’aile gauche, il a su s’adapter au style de jeu ses entraîneurs. Il est vendu à Auxerre en 2018. Le reste des joueurs bankables ne sont restés que trois ans maximum ensuite.
Dernier point fort : les prêts. Clermont a souvent recouru aux prêts avec ou sans option d’achat en Ligue 2 pour compenser les pertes récurrentes de joueurs. C’est grâce à cela que Mamadou Thiam ou encore Famara Diedhiou sont arrivés au Stade Gabriel Montpied. Pour une réussite notable, la plupart du temps.
Le début des années 2010 : Alessandrini en tête de peloton
Une nouvelle stratégie efficace (2010-2012)
Sous la houlette de Claude Michy comme propriétaire du club, Clermont alterne entre réussite et passages difficiles. Avec Michel Der Zakarian comme entraîneur, Clermont se fait remarquer par de bons résultats grâce à un jeu offensif et une réelle solidité défensive. Ceci est dû en partie en 2010 grâce à l’impulsion de deux jeunes joueurs prometteurs : Sloan Privat et Romain Alessandrini. Le premier, prêté par Sochaux, engrange sa première année comme titulaire dans un club professionnel avec brio. Le second, fraîchement arrivé d’un Gueugnon en proie à une liquidation judiciaire, va quant à lui démarrer son ascension dans le football français. Âgés de 20 et 21 ans, les deux espoirs vont marquer en tout 31 buts dont 20 de Sloan Privat et permettre à Clermont de finir à la 7è place de Ligue 2, alors que le club devait jouer le maintien.
Privat parti, Alessandrini compose désormais avec l’expérimenté Jean François Rivière et Mana Dembélé, espoir recruté à Niort. Il confirme sa seconde saison sous le maillot auvergnat mais ne permet pas à l’équipe de monter en fin de saison. Il quittera ses coéquipiers pour rejoindre Rennes contre 2,5M€.
Une politique d’achat-revente qui porte ses fruits (2012-2014)
Désireux de réitérer la bonne stratégie mercato, le CF63 signe Yannis Salibur à l’été 2012 en provenance de Boulogne, tout juste relégué en National. Ce dernier ne s’illustre pas cependant en 2012/2013, barré par un Mana Dembélé en grande forme qui signe une année de Ligue 2 à 14 buts, permettant un maintien inespéré. Cela lui permet de rejoindre Guingamp et découvrir la Ligue 1 pour 500.000€.
Alors que le plus dur est passé, Clermont doit de nouveau se battre pour sa survie et compte sur un effectif rajeunissant. Idriss Saadi, non conservé par Saint-Etienne, décide de faire une heure de route pour rejoindre l’Auvergne. La triplette Dugimont-Salibur-Saadi n’est pas des plus efficaces dans les statistiques, mais permet de montrer un meilleur visage en 2014, avec peu de dépendance de l’un ou de l’autre.
Un premier bilan encourageant
Ces quatre premières années ont démontré un aspect positif en attaque pour Clermont. D’une part, tous les attaquants sauf deux ont plus de 24 ans sur la période, et sans aucun achat sec. Une plus-value est réalisée à chaque fois et un renouvellement convaincant est proposé en permanence. Cette stratégie va s’accentuer sur la fin de la décennie, avec encore plus de peps.
Le début de l’année 2014 se veut être un renouveau pour le CF63. Alors qu’Helena Costa est annoncée sur le banc, c’est au final Corinne Diacre, première femme à exercer sur un banc professionnel en France. Et sa première saison montrera beaucoup de difficultés d’adaptation dans le jeu. Alors que Yannis Salibur quitte le club a l’hiver 2015 pour Guingamp, Idriss Saadi et Rémy Dugimont prennent les choses en main pour assurer un ventre mou à Clermont et éviter le drame. Saadi sera vendu dans la foulée à Cardiff pour un montant inconnu.
De 2015 à 2020 : la machine s’emballe
Les années Corinne Diacre (2015-2017)
L’année 2015 doit redorer le blason d’un stade Gabriel-Montpied craint au début de la décennie par ses adversaires. Pour entrevoir ses ambitions, le club décide de faire appel à Sochaux une nouvelle fois. Famara Diedhiou arrive en prêt avec obligation d’achat sous conditions à hauteur de 380k€, ce qui est le premier achat du club depuis des années. Il sera épaulé par les prêts de Gaëtan Laborde (Bordeaux) et Adrien Hunou (Rennes), des noms que l’on reverra ensuite en Ligue 1. Et ce pari va se concrétiser sur le terrain, Diedhiou explose les compteurs. Avec 21 unités, il est élu joueur de l’année de L2 et meilleur buteur de la division. Clermont rate une nouvelle fois le coche en championnat et Diedhiou est vendu en 2016 à Angers pour 1,6M€ tandis que Boulaya rejoint Bastia pour 250K€ et tout est à refaire.
A l’aube de la saison 2016/2017, la jeunesse est de nouveau mise en avant par Clermont. Tout d’abord car Mathias Pereira Lage, formé au club, est intégré dans la rotation. Puis ensuite, le club va remplacer ses prêts par Mamadou Thiam, prêté en provenance de Dijon ; et Ludovic Ajorque, en perdition dans la réserve d’Angers. Malgré des ambitions fortes, Clermont patauge en championnat, mais l’attaque continue de performer avec 13 buts pour Dugimont, 9 pour Thiam et 5 pour Ajorque. Le dernier étant en rotation.
L’arrivée de Pascal Gastien et le début des individualités fortes
Corinne Diacre laisse sa place en 2017 pour Pascal Gastien et la tendance dans le jeu se fait ressentir. Thiam reparti, Claude Michy fait venir Franck Honorat libre de Nice, qui évoluait en prêt à Sochaux la saison précédente. Avec un trio Dugimont-Honorat-Ajorque ainsi qu’un Pereira Lage devenu indéboulonnable au milieu, le club martyrise les défenses de Ligue 2 mais paie ses faiblesses en défense et finit sixième de Ligue 2. Un cycle se termine et Dugimont rejoint Auxerre. Tandis qu’Ajorque est vendu 2M€ à Strasbourg.
En 2018, les espoirs continuent de grandir. Alors que les rumeurs de vente planent au dessus du club, Gastien va devoir de nouveau renouveler son secteur offensif. Franck Honorat est vendu 2M€ à Saint Etienne mais reste un an en prêt, ce qui est la première bonne nouvelle du mercato. La seconde réside dans la prolongation de Mathias Pereira Lage après plusieurs mois de négociations. Ce dernier va directement jouer plus haut au milieu et obtenir plus de responsabilités offensives.
C’est alors que le remplaçant d’Ajorque débarque. Florian Ayé, remplaçant à Auxerre, signe librement au club et suscite l’inquiétude des supporters. Une inquiétude qui va se transformer rapidement en ovation. Bien servi devant par Honorat et soulagé par un Faneva Andriatsima sur le déclin, le champion d’Europe U19 2016 plante 18 buts en championnat, mais ne suffit pas à atteindre les play-offs. Il quittera le club à la fin de la saison pour rejoindre la Serie A et Brescia pour 2M€.
La consécration d’un premier pari de recrutement à l’international (2019-2020)
Pour terminer la décennie, Clermont est vendu au jeune homme d’affaires Ahmet Schaefer qui ramène dans ses valises Ingo Winter, scout connu en Bundesliga. Plusieurs partenariats sont signés avec des clubs au RD Congo (TP Mazembe), en Algérie (JS Kabylie) et en Autriche (Austria Lustenau, qui devient le satellite du club).
Avec une nouvelle cellule de recrutement, Clermont décide de voir ailleurs en Europe et va déclarer sa flamme à Adrian Grbic, jeune buteur de l’Altach en Autriche. Ce dernier, épaulé par Jim Allevinah (Le Puy), David Gomis (Gazélec Ajaccio) et Julio Dionisa (Red Star), va révéler son plein potentiel. Agressif sur le terrain et friand de ballons, il affole rapidement les compteurs et glane 17 buts précieux, et laisse présager une seconde saison encore plus surprenante en Ligue 2. Seconde saison qui n’aura pas lieu puisque Clermont le vend à Lorient, promu en L1 et réalise son record avec 9 millions d’euros.
De 2021 à nos jours : la montée et un Mohammed Bayo en puissance
La montée devenue enfin réalité (2020-2021)
Le CF63 se remplit les poches lors du mercato estival 2020, avec aucun investissement réalisé sur le mercato. En effet, Mohammed Bayo, formé au club, est désigné pour prendre la succession de Grbic. Sortant d’un prêt jugé convaincant à Dunkerque, l’international Guinéen, accompagné de Jim Allevinah et du nouvel ailier droit Jodel Dossou (Hartberg, Autriche), va se révéler au grand public. Avec 22 buts inscrits contre 12 buts chacun pour les autres attaquants, l’armada offensive de Clermont impressionne et permet au club d’accéder enfin à la Ligue 1 après 18 ans passés dans l’antichambre de l’élite.
Une adaptation semée d’embûches (2021-Aujourd’hui)
Nouvelle division, mais pour autant on garde les mêmes devant. Avec le plus petit budget de Ligue 1, Clermont cherche à capitaliser sa montée avec le même effectif, et peu d’ajouts. Elbashan Rashani arrive libre d’Erzurumspor en Turquie pour jouer la rotation derrière le trio originel. Malgré un départ canon, la réalité frappe de plein fouet le stade Gabriel-Montpied et les difficultés s’accumulent. Néanmoins, Mohammed Bayo s’illustre avec brio et avec un Rashani en sortie de banc comme valeur ajoutée. Le club parvient à se maintenir à la 37è journée. Ce sera d’ailleurs les dernières minutes de Bayo dans le pays des volcans puisqu’il rallie le Nord et Lille contre 14 millions d’euros, record de vente du club.
La saison 2022/2023 suit son cours et Pascal Gastien doit continuer de composer avec peu de moyens. Clermont est de nouveau le plus petit budget de L1 et doit vendre avant de recruter. C’est dans ce contexte qu’arrive Komnen Andric. L’attaquant serbe, au gabarit imposant (1m90) débarque du Dinamo Zagreb contre 1M€. Avec 4 buts en 15 rencontres, ce dernier n’apparait pas comme étant aussi important statistiquement que ses prédécesseurs, mais le niveau est bien différent. Et si besoin, Muhammed Cham-Saracevic et Saif-Eddine Khaoui veillent au grain pour apporter sur le terrain. Clermont pointe à la 10è place du classement avec des débuts irréguliers. Dans une saison à quatre descentes, le club devra redoubler d’efforts pour ne pas retourner dans une Ligue 2 qui lui collait à la peau pendant des années.
Une tendance qui devrait s’estomper ?
A l’heure de la Ligue 1, une question reste en suspens. Est-ce que Clermont va continuer à trouver les bons prospects offensifs ? Même si depuis des années en Ligue 2, le CF63 a toujours trouvé chaussure à son pied, la situation sera plus compliquée désormais. Plus dépendante financièrement que ses concurrents, il sera difficile de rivaliser en termes de moyens avec le reste du championnat. Les exigences du très haut niveau sont bien différentes et c’est désormais à la cellule de recrutement de redoubler d’efforts.
Pour rester sur une note positive, il est bon de rappeler que Clermont a toujours été un petit budget. Que ce soit en Ligue 2 comme en Ligue 1. Toutefois, c’est cette capacité à flairer les bons coups qui a permis au petit poucet de se battre face aux grands. Désormais, il n’y a plus qu’à espérer, une fois encore, que tout soit permis pour continuer dans ce sens.
Crédit photo en Une : Bein Sports – FEP/Panoramic