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Comme beaucoup de clubs anglais, Chelsea, depuis quelques années, tente des paris sur des joueurs en post formation, avec plus ou moins de succès à chaque fois. Sur les dix dernières années, plusieurs « prospects » ont posé leur valise dans la capitale anglaise. Certains ont fait leur trou, d’autres sont partis voir ailleurs.
Un après Ligue des Champions 2012 avec une nouvelle stratégie de recrutement
L’histoire commence à l’été 2012-2013 pour l’équipe Londonienne. Au sortir d’une saison estimée insuffisante par les médias et les supporters en Premier League (6ème place), les Blues se satisferont avec une FA Cup et la Ligue des Champions. Le projet estival est donc de se renforcer pour être plus solide dans la durée en PL. Pour cela, deux méthodes se répèteront pendant la décennie afin de se renforcer. La première est de recruter des joueurs à haut potentiel n’ayant pas la possibilité de se tester dans un gros championnat. Ces joueurs viennent de l’international et viennent se tester en sautant l’étape des clubs « intermédiaires ». C’est dans ce cadre qu’arrivent Oscar et Wallace Oliveira. Deux traces bien différentes dans l’histoire de Chelsea. D’un côté, Oscar titulaire indiscutable (203 rencontres toutes compétitions confondues) et une revente estimée par les médias anglais à 70 millions d’euros direction la Chine (Shanghai Port FC). Tandis qu’Oliveira, lui, enchaîne les prêts sans jamais glaner une seconde avec les Blues et repart libre.
Deuxième méthode : acheter des joueurs qui ont déjà fait leurs preuves. Deux réussites sont à noter. En effet, Eden Hazard, révélé à Lille, restera avec une marque indélébile au club et est notamment la vente la plus importante du club avec 115 millions d’euros. Le second est Victor Moses. Le nigérian, après avoir braqué les projecteurs sur lui en Championship (Crystal Palace) puis une adaptation réussie dans l’élite (Wigan), rejoint les rangs de Rafael Benitez. Il n’atteint cependant pas le niveau espéré par les fans mais sera considéré comme un solide « Squad Player » pour aider les londoniens.
Le premier coup d’arrêt de la méthode Chelsea (2013-2014)
Un an après, les Blues ont réussi leur pari d’apporter plus de consistance dans leurs résultats en championnat avec une troisième place. Malgré cela, le rêve d’un back-to-back en Ligue des Champions s’envole dès la phase de poule mais il amènera quand même un trophée avec la Ligue Europa en lot de consolation. Au mercato hivernal, des recrues sont déjà arrivées pour donner suite à la déception européenne. La particularité de recrutement repose sur le fait qu’uniquement des joueurs de moins de 25 ans signent pour Chelsea dans ce mois de janvier 2014. Pour ce qui est de l’été 2013, seuls Samuel Eto’o et Mark Schwarzer dépassent cet âge.
Pour les jeunes, les deux catégories évoquées ci-dessus sont de nouveau employées sur le mercato. Seul Kurt Zouma (Saint-Etienne) sera issu d’un championnat du Big Five. Malgré les hauts et les bas avec le club anglais, il compte tout de même 150 matchs à son actif et une revente à 35 Millions d’euros. Il est notamment le remplaçant de Gary Cahill et partage la défense centrale avec John Terry.
Cependant, plusieurs joueurs sont issus de championnats hors top 5 qui n’auront pas eu les résultats escomptés. La raison de cet « échec » est dû à plusieurs blessures, des joueurs qui n’arrivent pas à franchir un cap de niveau ou encore des joueurs à qui le staff n’a pas laissé de temps pour confirmer et qui se retrouvent totalement perdus. En référencement, cinq joueurs cumulent à eux seuls un total de 23 matchs disputés sous le maillot londonien. Au total ce sont 19 matchs pour Mohamed Salah, 4 pour Marco Van Ginkel et aucun pour Cristian Cuevas, Stipe Perica ou encore Christian Atsu. Des « échecs » qui peuvent s’expliquer grâce à plusieurs hypothèses. Dans un football où l’argent est devenu le nerf de la guerre, des manques à gagner sur des investissements peuvent se payer cash pour chaque club. Ici le club revend l’égyptien pour moins cher à la Roma pendant que Le néerlandais et le chilien partent libres. Du côté croate le prix d’achat est quasiment doublé et il en est de même pour le ghanéen. Le club arrive à limiter la perte commerciale malgré l’absence de rencontres sous le maillot de Chelsea de ces deux derniers joueurs.
Apprendre de ses erreurs et tenter de repartir de l’avant (2014-2015)
Pour sa seconde saison sur le banc de Chelsea, José Mourinho tire la sonnette d’alarme et anticipe un recrutement plus maîtrisé et avec moins de paris. Cette stratégie se fera ressentir dans les achats avec de l’expérience préférée à de la jeunesse. Le seul espoir recruté cette année-là vient de Croatie. Mario Pasalic, milieu de terrain de l’Hajduk Split, pose ses valises en Angleterre. Une nouvelle fois, les espoirs n’atteignent pas les résultats espérés. Le croate subit le même sort que ses prédécesseurs, une succession de prêts. Rien n’aidant à son intégration à Chelsea, il rejoint l’Atalanta où il s’impose sans avoir porté le maillot des Blues en match officiel. Il permet tout de même un bon retour sur investissement avec une bénéfice de 12 millions d’euros.
Un retour en arrière (2015-2016)
Un an plus tard, Chelsea revient en terrain connu avec des recrutements de toutes parts et notamment des jeunes venant d’autres continents. Des réussites comme des casseroles, et le cas Abdul-Rahman Baba. Sortant d’une saison pleine de promesses à Augsbourg, son adaptation au style de jeu anglais présente beaucoup de difficultés. D’abord il va avoir du temps de jeu en montrant des choses prometteuses pour son début d’année mais va progressivement reculer dans la hiérarchie due à un manque de régularité constatée par le staff. Conséquence directe de l’arrivée d’Antonio Conte sur le banc, il fait partie du loft londonien. Dans la foulée, il part en prêt et continue encore aujourd’hui 7 ans après à faire le tour des clubs, aussi bien en Europe qu’en Angleterre.
Pour ce qui est de la seconde méthode, une similitude avec 2013-2014 se fait ressentir sur les apparitions des jeunes. En effet, un total de 32 matchs cumulés sur 4 joueurs dont 30 pour le piston gauche Kenedy qui enchaine ensuite de multiples prêts après une première saison jugée convaincante. Matt Miazga connaîtra lui 2 matchs sous le maillot des Blues et Nathan ainsi que Danilo Pantic se contenteront des tribunes. Le point commun de ces 5 joueurs (même si Baba et Kenedy jouent la première saison) est tout simplement une carrière qui se résume avec des saisons de prêt dans différents championnats. Contrairement à deux ans plus tôt, Chelsea n’amortit pas commercialement ces joueurs avec des joueurs qui partent libres ou pour moins d’argent que leurs arrivées.
Une volonté de changer les choses (2016-2021)
Après une nouvelle saison où les attentes ne se sont pas confirmées, Chelsea change de cap. Jusqu’à l’été 2021, Chelsea a préféré se concentrer sur son équipe première plutôt que sur de l’investissement long terme. Néanmoins, deux transferts de jeunes sont notables, dans le bon comme le mauvais sens. Le premier est Ethan Ampadu qui est recruté en 2017 à 16 ans en D4 anglaise (Exeter City) afin de finir de former le joueur tout en le mettant à disposition de l’équipe première. Cependant, les attentes étaient une nouvelle fois trop hautes et le joueur est encore au club aujourd’hui mais en prêt. Le deuxième joueur, jouissant d’une grande popularité en Allemagne avant son arrivée, ne confirme pas en Angleterre. Christian Pulisic est présenté comme un des acteurs du renouveau des Etats-Unis au niveau international et porte un lourd poids sur ses épaules. En conséquence, il ne confirme pas pour l’instant les grandes attentes placées en lui. Pour autant, l’ailier reste un joueur possédant de grandes qualités. En atteste son but en dribblant Courtois pendant la demi-finale de Ligue des Champions. Aujourd’hui, il a subi plusieurs blessures ces deux dernières années et a du mal à se stabiliser au poste d’ailier à Chelsea et risque de partir afin de trouver une place de titulaire indiscutable.
Une méthode en pleine relance (2021-Aujourd’hui)
Connu depuis plusieurs années pour ses prêts nombreux et à répétition, Chelsea doit maintenant tourner la page sur ce système. Avec l’avènement des nouvelles règles sur les prêts imposés par l’UEFA, il ne sera plus possible d’effectuer autant de prêts qu’auparavant. En conséquence directe, Chelsea sera sans doute amené à dégraisser drastiquement son vivier de jeunes. Le club continue ses paris sur le post formation, en attestent les arrivées de Kai Havertz et Malang Sarr en 2021. La première cité a convaincu à son poste sur sa première saison avec en point d’orgue un but en finale de ligue des champions ce qui offrira une nouvelle coupe aux grandes oreilles pour le club. Le second est lui barré par la concurrence et est en prêt à l’AS Monaco.
Lors du mercato estival 2022, trois jeunes joueurs sont signés avec de grandes attentes qui reposent sur leurs épaules. Carney Chukwuemeka (Aston Villa), Wesley Fofana (Leicester) et Gabriel Slonina (Chicago Fire). Il est encore trop tôt pour établir un constat, avec une saison 2022-2023 coupée avec la Coupe du Monde et avec la troisième cité qui arrive en ce début d’année 2023 dans la capitale anglaise. Il est temps de laisser le doute s’installer et faire confiance en ces joueurs pour enfin, peut-être, renverser la tendance qui colle à la peau des Blues depuis dix ans.
Et Chelsea ne s’arrête pas sur ce mercato d’hiver avec leur nouveau coach. Datro Fofana (Molde) vient de signer pour 12 millions à juste 20 ans et il serait destiné à un prêt rapidement selon les déclarations récentes de Graham Potter. Toujours cet hiver, le deal menant à Benoît Badiashile (As Monaco) est officialisé par le club aux alentours de 38millions d’euros renforçant une défense des Blues déjà bien remplie. Pour finir un transfert record de 120 millions d’euros est sur les rails et en finalisation pour Enzo Fernandez en provenance du Portugal (Benfica Lisbonne) afin de concurrencer un milieu plus âgé et qui correspond à la stratégie de Chelsea d’avoir la prochaine « pépite » le plus tôt dans le club.
Welcome to Chelsea, Benoit Badiashile! 👊#BonjourBenoit 🇫🇷 pic.twitter.com/4Hn38DZEnL
— Chelsea FC (@ChelseaFC) January 5, 2023
Désormais, Chelsea doit trouver une autre solution que juste prêter ces jeunes joueurs étrangers dans de multiples clubs ce qui serait propice à une adaptation plus rapide et facile. Maintenant, les Blues essayent également de recruter des jeunes joueurs mais cette fois-ci en les faisant passer par la « Development Squad (U23) » afin de poursuivre un vrai travail de post-formation comme Omari Hutchinson ou Cesare Casadei. D’un autre côté leurs grandes manœuvres ne s’arrêtent pas comme l’attestent les nombreuses rumeurs du mercato actuel. En diversifiant ces idées en post formation Chelsea trouvera peut-être la formule parfaite. Réponse dans les prochains mois, avec on l’espère, des résultats positifs.
Crédit photo en Une : @cfcunofficial (Chelsea Debs) London from London, UK, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons