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CAN 2024 – Sénégal : Les Lions en quête d’un second titre

A l’approche d’un des plus beaux événements du football mondial, la CAN 2024 tient ses promesses. Parmi les qualifiés pour cette éditions, les Lions du Sénégal, lauréats en 2022, seront en quête d’un second titre consécutif. Pourtant, la route sera semée d’embûches.

Dimanche 6 février 2022, Yaoundé exulte. Après une partie très compliquée, le Sénégal s’envole sur le toit de l’Afrique après sa victoire aux tirs aux buts contre l’Egypte (0-0, 4-2). La consécration dans une équipe possédant un choc des générations et qui a permis aux Lions de soulever le trophée pour la première fois de son histoire.

Cette victoire, entachée par plusieurs soucis d’organisation, saupoudrée de crise sanitaire et des joueurs libérés trop tard par leurs clubs, n’en reste pas la première pierre à graver à l’édifice. Désormais, Aliou Cissé et ses hommes auront à cœur d’aller chercher une deuxième étoile.

Un pays nageant dans le succès…

Ce n’est pas un blasphème de dire que le Sénégal est aujourd’hui, avec le Maroc, la nation la plus puissante du football africain. La qualité et profondeur de l’équipe, couplées aux résultats récents, ne peuvent dire le contraire. Cependant, les Lions de la Téranga ont un tout nouveau statut à assumer : celui de tenants du titre. Le lion est au sommet de la chaîne alimentaire. Autant dire que cette pression semble être très bien gérée.

Tout d’abord, une phase de qualifications avalée d’une traite. Dans un groupe pour le moins déséquilibré (Bénin, Mozambique, Rwanda), le Champion d’Afrique s’est comporté en tant que tel. A l’image de sa star, Sadio Mané, commençant par un triplé contre le Bénin puis un penalty pour la victoire à la 98e minute, à Kigali. Entrecoupées d’une Coupe du Monde positive (défaits en huitièmes contre l’Angleterre), le Sénégal enchaînera avec deux victoires contre le Mozambique. Qualification en seulement quatre matchs, pour autant de victoires. S’ensuivront deux matchs nuls anecdotiques, dont le dernier consistant à un match-test contre le Rwanda, nombreux faisant leur première sélection. Parmi eux, les messins Cheick Tidiane Sabaly et Pape Diallo. Autant préparer l’avenir.

Cet avenir a par ailleurs déjà été couronné de succès. Si la A peut se targuer en 2023 d’une victoire en amical contre le Brésil de Mario Menezes, ce vent d’épanouissement s’est propagé. A commencer par l’équipe A’, remportant le premier Championnat d’Afrique des Nations de son histoire. Les équipes devant prendre uniquement des joueurs locaux, elle aura procédé à l’éclosion de Lamine Camara, qui aura son passeport pour Metz. Un mois plus tard, c’est les U20 qui prennent le flambeau, remportant la première CAN de leur histoire. Sans encaisser le moindre but du tournoi ! Les Coupes du Monde seront cependant plus malheureuses, des U20 aux U17.

Des U20 aux U17, le Sénégal a un grand avenir devant eux. (Crédit photo : CAF)

…pouvant sombrer dans l’avarice ?

Or, la réussite peut rapidement s’envoler. A certains moments, par conflits d’intérêts, comme on peut le voir trop souvent. Si les polémiques concernant des primes impayées pour la CAN ne sont pas rares, la Téranga ne semble pas y échapper. A quelques semaines du début de la compétition, le journaliste Bacary Cissé délivre quelques révélations. Aliou Cissé, ainsi que l’ensemble de son staff, n’auraient pas reçu leurs salaires depuis juin 2023. Si l’homme aux dreadlocks a botté en touche, il peut arriver un goût amer dans la gueule du Lion.

Si l’on peut estimer Aliou Cissé assez professionnel pour faire passer le sportif et la CAN avant tout, cela peut avoir des répercussions claires. Le groupe peut-il en pâtir ? Les joueurs se trouvent-ils dans la même problématique concernant leurs primes ? Des questions qui restent sans réponse aujourd’hui, et qui pourront être élucidées au fil de la compétition.

De l’expérience couplée à une jeunesse explosive

Pour préparer sa sélection, Aliou Cissé a pu évaluer ses options avec une vision assez large. En effet, après la victoire en CHAN face à l’Algérie, le sélectionneur Sénégalais pouvait compter sur des éléments émergents qui pourront renouveler à certains postes essentiels en cas de besoin. L’avantage conservé de la CAN précédente est la possibilité de convoquer 27 joueurs au total. Une sélection élargie qui donnera plus de chances à certains joueurs.

Pour cette édition 2024, Cissé a pris le pari de renouveler la moitié de l’équipe victorieuse à chaque poste hormis aux cages. Ce qui donne une équipe avec 27,5 ans d’âge moyen pour les Lions. Les spécialistes regrettent les absences de Dion Lopy (Almeria) au milieu ainsi qu’Arouna Sanganté (Le Havre) en défense. Les blessures de Seny Dieng (Middlesbrough) et Boulaye Dia (Salernitana) privent les Lions d’atouts de poids aux postes respectifs. Même si il reste de la grande qualité de manière globale dans cette équipe.

Des jeunes prêts à tout casser

Dans les 27, on retrouve dans cet effectif des éléments allant de 20 à 34 ans. Avec 11 éléments ayant 25 ans ou moins, le Sénégal expérimente avec des jeunes qui ont la niaque. En atteste le champion de la CHAN Lamine Camara (Metz). Le milieu de terrain aura à cœur de représenter une nouvelle génération talentueuse du pays d’Afrique de l’Ouest.

Avec des joueurs émergents comme Abdoulaye Ndiaye (Troyes), Formose Mendy (Lorient), Pape Gueye (Marseille), Pape Matar Sarr (Tottenham), Abdallah Sima (Rangers) ou encore Iliman Ndiaye (Marseille) et Nicholas Jackson (Chelsea), le Sénégal a su se réinventer et prévoit déjà une relève de haut niveau et prête à emboîter le pas sur le travail accompli par leurs aînés.

Une occasion dans quelques années de peut être voir émerger d’autres joueurs qui sont sur une pente ascendante. Parmi eux, Cheick Sabaly (Metz), Baïla Diallo (Austria Lustenau), Moussa N’Diaye (Anderlecht), Youssouf Badji (Charleroi), Noah Fadiga (La Gantoise), Mamadou Lamine Camara (RS Berkane), El Hadji Diouf (Slavia Prague), Mamour Ndiaye (Sarpsborg) et Cheick Tidiane Niasse (Young Boys Berne).

Un dispositif encore incertain

Bien que de nombreux cadres sont certains de leur place de titulaire, l’incertitude règne sur un point. Aliou Cissé va-t-il revenir sur son 4-3-3 ou confirmer son évolution avec une charnière à trois ? Utilisé contre le Togo en qualifs de Coupe du Monde (0-0) et contre le Niger (1-0) le 8 janvier dernier, cette transition montre une ambition dans le jeu sénégalais. Celle d’être protagoniste. Histoire d’amplifier la menace contre des équipes qui risquent d’être souvent regroupées, bloquant une force offensive supérieure. Etant l’équipe à abattre de cette compétition, amener plus de joueurs offensifs peut être une solution. Reste à voir si cela peut porter vraiment ses fruits.

Un grand débat subsiste dans sa composition : quel joueur se trouvera à la pointe de la Téranga ? Boulaye Dia ayant déclaré forfait, deux noms se disputent la place. Habib Diallo, cantonné à ce rôle de « back-up » et Nicolas Jackson, plutôt cantonné à l’aile droite. Un choix qui définirait grandement l’animation offensive de ton équipe, tant les styles et qualités sont différentes. Néanmoins, il est plus probable de voir l’attaquant de Chelsea devenir le numéro 9. Ses balbutiements en Premier League ont laissé présager tout de même en joueur terriblement complet, créant, finissant ou pesant sur les défenses.

Autre problème, la blessure de Gana Gueye (Everton) au Boxing Day. Si le Toffee est tout de même dans la liste, il sera loin de commencer à 100%. Un Gueye en cachant un autre, Pape devrait le succéder, pour enfin essayer de fructifier tout ce potentiel inexploité. Quid aussi des expatriés en Arabie Saoudite ? Sadio Mané, Kalidou Koulibaly et Edouard Mendy ont retrouvé leurs esprits et un peu de leur football dans le Golfe. De plus, leur forme physique doit être au-dessus des autres, le rythme saoudien étant moins soutenu que celui de l’Europe. Un avantage indéniable.

La consécration pour PMS ?

Crédit photo : Pape Matar Sarr (Twitter)

Difficile de faire découvrir à nos lecteurs un joueur du Sénégal. Si Sadio Mané semble parti pour se comporter encore en leader, que le potentiel offensif de cette équipe est grand, reculons d’une ligne. Pape Matar Sarr va entamer cette Coupe d’Afrique avec un nouveau statut : celui de titulaire en Premier League. L’ancien messin est rapidement devenu un des chouchous d’Ange Postecoglou, titularisé à seize reprises dans l’entrejeu des Spurs. Ses interventions défensives, son rythme infatigable, sa facilité dans son jeu de corps et ses projections ont fait de lui un cadre à seulement 21 ans.

Au-delà d’être titulaire, il aura une pression supplémentaire, celui d’avoir les clés du milieu sénégalais. Là où Gana n’est pas sûr de revenir, Nampalys et Cheikhou Kouyaté donnant plutôt leur expérience depuis le banc, le formé à Génération Foot va devoir se comporter en leader. Un contexte nouveau, qui peut potentiellement lui faire passer un cap supplémentaire, et avoir sa place sur le très long terme. Attention de voir aussi l’évolution de Lamine Camara dans cette compétition.

Un grand favori pour le back-to-back

Il ne peut en être autrement, le Sénégal est de ceux pressentis pour remporter cette Coupe d’Afrique. Une équipe d’expérience, rôdée, couplée à de nouveaux talents inséminés au groupe progressivement ne peut qu’y être. Si les informations dans les coulisses prêtent à inquiéter, il n’existe jusqu’ici aucun signe d’implosion dans la sélection ou le staff. Le groupe a l’air très concentré sur le sportif et cette volonté d’appuyer sa domination sur le football africain.

La grosse inconnue, qui sera résolue à l’annonce de la composition contre la Gambie, sera de savoir le parti pris tactique. Aliou Cissé sera-t-il plus protagoniste ou « pragmatique », comme il nous a pu en faire profiter depuis sept ans déjà ? Il n’empêche que, très offensive ou non, pragmatique ou non, rares sont les équipes ayant eu la peau des dreadlocks.

Arthur Geillon

Co-fondateur de Douzième Homme. Passionné par la Ligue 2, la formation et les samedis soirs à Bonal.

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