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La saison 2024-2025 vient de se terminer que l’exercice suivant a déjà démarré. Fête durant tout l’été sur tous les pays du continent, les qualifications de Coupe d’Europe reprennent leurs droits. Ligue des Champions, Ligue Europa ou Ligue Conférence, le fleuron de toutes les nations européennes seront représentées au fil des semaines. Si une majorité est habituée de ces joutes, quatre clubs vont vivre ce moment particulier pour la première fois. L’occasion parfaite pour les présenter.
Novi Pazar (Serbie)
Alors que l’Étoile Rouge de Belgrade n’a pas lâché son titre de champion de Serbie depuis 2016, certains clubs se contentent des miettes. Le Partizan d’une part, cantonné aux places de dauphin pour le restant de ses jours. Mais aussi des clubs plus modestes, à l’image de Bačka Topola ou celui qui vient de terminer à la troisième place de Superliga. Fief de la région de Sandžak, abritant des centaines de milliers de Bosniaques, Novi Pazar fait office d’anomalie aux côtés des deux grands clubs de Belgrade.
Ce moment historique, le club le doit davantage aux performances individuelles d’un homme plutôt qu’un projet de jeu cohérent, Novi Pazar ayant connu 58 entraîneurs en dix-neuf ans. Alors que sa carrière tombait en lambeaux en Turquie, Adem Ljajić fait le choix de revenir dans sa ville. Celui à la réputation de tête brûlée – aussi bien pour avoir refusé de chanter l’hymne nationale que pour sa bagarre avec Delio Rossi – refait parler de lui pour ses performances sportives. Entre quelques paniers, jouant aussi parfois pour l’équipe de basket locale, la magie reprend : une quarantaine de buts et de passes décisives en deux ans. Dont certains que lui seul peut mettre, entre coups-francs et frappes surpuissantes. Reste à voir ce que le héros local pourra faire au second tour de Ligue Conférence, contre un Jagiellonia plus expérimenté.
🎯 Adem Ljajić golom na debiju za Novi Pazar donosi pobedu protiv Napretka! pic.twitter.com/Oqr70nFsRG
— Arena Sport TV (@arenasport_tv) September 17, 2023
Daugavpils (Lettonie)
Étant donné la fragilité financière dans laquelle se retrouve une immense partie de ses clubs, la Lettonie fait partie de ces pays envoyant régulièrement de nouvelles cylindrées. Pourtant, le football européen n’est pas une première à Daugavpils, deuxième plus grande ville du pays. Champion en 2012, le Daugava FC va faire un petit tour en Ligue des Champions, avec une déroute contre les Suédois d’Elfsborg (0-4, 1-7). Encaissant six buts lors de la seconde période du match retour, des soupçons de match truqué apparaissent. Une calamité dans les pays baltes. Dans la foulée, Oleg Gavrilov, président du club, se fait arrêter pour blanchiment d’argent et autres méfaits. De quoi mettre la clé sous la porte.
En 2016, le BFC Daugavpils fait son apparition dans l’élite, et rentre gentiment dans le rang, subissant la domination des équipes de Riga. Même lors de de l’année 2024, qui les voit grimper à la cinquième place. Alors que ce spot au milieu de tableau n’offre pas de ticket à la Coupe d’Europe, Valmiera (champion 2022) tombe en troisième division, le club n’ayant pas obtenu de licence pour la Virsliga. Une aubaine pour eux, cette disqualification les envoyant au premier tour de Ligue Conférence. Contre Vllaznia, l’avantage de jouer dans un championnat estival (entre mars et novembre) va leur servir, gagnant 1-0 en Albanie. Une bonne étoile scintille au-dessus de la ville, grandement habitée par des ressortissants russes.
Araz-Naxçıvan (Azerbaïdjan)
Alors que l’Artsakh (ou le Haut-Karabagh, c’est selon) se trouve dans une situation politique houleuse, une région non loin d’ici fait aussi débat d’un point de vue historique. Exclavé entre Iran et Arménie, le Nakhitchevan est passé sous toutes les mains au fil des siècles. Perses, Russes, le conflit aura pour source le régime soviétique (comme souvent), qui rattachera la région à l’Azerbaïdjan en mars 1921. Un siècle plus tard, toute trace d’héritage arménien a été effacé du territoire. Le peuple ayant quitté la République autonome pour l’Est, tandis que des vestiges comme des monastères ou des cimetières ont été détruits par le gouvernement azéri. A l’image du cimetière de Julfa, remplacé par une base militaire. En échange de bons procédés, aucun ressortissant du pays ne peut mettre les pieds en Arménie, ce qui fait que l’on ne peut entrer au Nakhitchevan qu’en avion.
Pour revenir au football, la ville de Naxçıvan était à l’origine connue pour le futsal. Dix-sept fois champion d’Azerbaïdjan depuis 2005, le club a même été capable de se hisser en demi-finales de Ligue des champions, en 2010 et 2013. Le succès sera bien plus récent pour la section football, tourmenté par des problèmes financiers et des scandales de matchs truqués. De retour dans l’élite en 2023, les rouges et blancs terminent troisièmes du championnat la saison dernière, portée par une défense de fer. Le tout mené par un ancien des terrains français, le défenseur central Issouf Paro (ex-Concarneau, Niort). Le Burkinabé a d’ailleurs été rejoint par deux francophones cet été : Hamidou Keyta (Saint-Etienne, Chambly) et Charles Boli (Lens, Pau). Pas sûr que cela sera suffisant contre l’Aris Thessalonique.
Spaeri (Géorgie)
Alors que la Suisse est habituée des équipes de divisions inférieures en Europe avec Vaduz, la Géorgie devient aussi spécialiste en la matière. Dans ce pays qui n’en finit plus de se sublimer avec un ballon rond, Gagra gagnait la Coupe il y a cinq ans en battant le Samgurali, profitant de ce succès pour se refaire une place dans l’élite. Aujourd’hui, c’est le FC Spaeri, club fondé en 2017, qui demeure tenant du titre, vainqueur du Dinamo Tbilissi en finale. Ironique, lorsque l’on sait qu’ils doivent batailler avec leur réserve en championnat. Affrontant un gros morceau au second tour de Ligue Conférence en la personne de l’Austria Vienne, le club de la capitale possède une histoire très particulière. Un passé raconté par Luka, vivant à Tbilissi, qui ne les connaît que trop bien :
Le club a été créé par le SUS, le Service de Protection d’Etat de Géorgie. On retrouve même le blason de l’organisme sur leur logo. Cette appartenance à l’Etat va même jusqu’au nom, puisque « Spa » est un mot ancien pour dire armée, et « Eri » signifie le peuple, la nation. Leur stade ne se trouve pas loin d’une base de militaire, en banlieue. Si ce n’est plus le cas aujourd’hui, leur équipe était composée de militaires mais ont fini par scruter les académies de la capitale pour se faire une équipe talentueuse à bas prix.
Déjà à la lutte pour monter en Erovnuli Liga depuis plusieurs années, cette victoire en coupe semble les avoir libérés. Une seule défaite sur l’année 2025, et encore de belles performances en Super Coupe, vainqueur du Torpedo Kutaisi de Mamadou Sakho. Un participant aussi modeste ne devrait cependant pas améliorer le pauvre coefficient de la Géorgie, le pays attendant un nouveau représentant depuis 2005, lorsque le Dinamo Tbilissi affrontait Sochaux en Coupe UEFA.