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Le coup de sifflet retentit au Stade Océane. Le Havre est sacré champion de Ligue 2 et dans le même temps Dijon termine 18ème et jouera en National l’année prochaine. En à peine six ans, le club bourguignon est passé du milieu de tableau de Ligue 1 à l’antichambre du football professionnel. Revenons sur ces six saisons d’une descente toujours plus profonde au Stade Gaston Gérard.
Une saison 2017/2018 qui aura déjoué les pronostics
Au sortir d’un maintien obtenu lors de l’avant dernière journée de Ligue 1 2016/2017, le DFCO appréhende leur seconde année consécutive dans l’élite du football français. Pour rester dans la continuité, le coach Olivier Dall’Oglio peut compter sur des renforts de poids.
En effet, grâce aux ventes de Loïs Diony (Saint-Etienne) et Pierre Lees-Melou (Nice), le club a pu réinvestir une partie des recettes. Viennent donc des cadres de la saison tels que Wesley Said, Naïm Sliti ou Papy Djilobodji. Le club recrute à bas coût, mais cherche uniquement à renforcer certains secteurs ou remplacer des départs.
Cette stratégie va s’avérer payante sur le terrain. Grâce à un collectif bien huilé et un style de jeu porté vers l’avant, Dijon va s’avérer être une des meilleures attaques du championnat. La synergie Saïd-Sliti-Kwon-Tavares permettra d’effacer les départs de Diony et Lees-Melou. Tout en proposant un très beau spectacle à la maison.
Dijon cette année là termine 11ème au classement. Une place qui n’était pas du tout prédit au vu de l’effectif sur le papier. Et pour couronner le tout, une 5ème place à domicile et en termes de buts marqués (55). De grosses fragilités défensives surgissent, notamment à l’extérieur (73 buts encaissés), mais l’essentiel est effectué. Une troisième saison de suite en Ligue 1, des joueurs bankables, et un coach apprécié des supporters. Dijon émerge lentement.
2018/2019 : Entre difficultés sportives et extrasportives
Alors que tout était peaufiné pour espérer une nouvelle saison sans encombre, les Chouettes y ont laissé des plumes. Préparés à des départs attendus comme Reynet et Varrault, le club souhaite jouer la carte de la stabilité et décide de repartir avec un effectif quasiment similaire. Seulement les départs occasionnent des arrivées dans la globalité.
La même stratégie de recrutement est appliquée ; mais tout ne se passe pas globalement comme prévu sur le terrain. Alex Runarsson signe en provenance de Nordsjaelland pour remplacer Reynet, mais ses nombreuses bourdes sur le terrain vont faire perdre patience au staff Dijonnais. L’attaque est devenue muette et désorganisée, alors qu’aucun changement dans le système et la tactique ne sont proposés.
Avant de célébrer l’année 2019, Olivier Dall’Oglio sera remercié par Olivier Delcourt. Un changement qui va précipiter son remplacement en la personne d’Antoine Kombouaré. Une décision vivement critiquée à l’époque, puisque le Kanak avait été viré deux mois plus tôt de Guingamp, bon dernier du championnat avec deux petites victoires en douze matchs.
A ce moment de la saison, Dijon pointe à la 18ème place du classement, avec la pire attaque et la pire défense du championnat. Cette place sera celle du club à la fin de la saison, puisque l’équipe oscillera entre coups d’éclats (victoires contre Rennes ou Monaco), et résultats décevants (défaites contre Caen et Guingamp, nul contre Amiens). Une place en barrages qui rassure après avoir réussi à repasser devant Caen, jusque là barragiste, lors de la dernière journée.
Le club obtient son maintien le 2 juin 2019, après sa victoire en cumulé contre Lens en barrages. Un barrage marqué par une performance mémorable du gardien Jérémy Vachoux au match retour, par ses fautes de relance ou ses sorties hasardeuses.
Les premières interrogations surgissent malgré tout. Comment faire en sorte que cette équipe retrouve la bonne direction sur le terrain ? Comment mieux appréhender le mercato après les nombreuses erreurs de casting de la saison dernière ? Et bien plus encore. Malgré une prolongation automatique suite au maintien, Antoine Kombouaré quittera le club à la fin de la saison.
Saison 2019/2020 : La pandémie sauve un navire qui chavire
Olivier Delcourt l’affirme en ce début d’été 2019 : Dijon doit et peut faire mieux. Comment lui donner ? Avec un système de jeunes qui se développe de plus en plus, des infrastructures flambant neuves et un stade qui se remplit toujours facilement (10 000 spectateurs en moyenne sur un stade pouvant en accueillir 13 000), tout est fait pour que Dijon passe un cap.
Ce cap passe également par une fin de cycle au club. La plupart des cadres présents depuis trois ans plient bagage et permettent aux Bourguignons de remplir les caisses. Avec 25M€ de vente, les Chouettes vont remanier complètement l’effectif et se rattacher à de nouveaux cadres, comme Alfred Gomis (SPAL), Bruno Ecuele Manga (Cardiff) ou encore Didier Ndong (Guingamp).
Du côté du staff ; toute une équipe se constitue suite au départ de Kombouaré. En effet, Stéphane Jobard, ancien adjoint d’Olivier Dall’Oglio et de Rudi Garcia, prend les rênes de l’effectif. Enfant du club depuis 2006 et avec un interlude d’une année à Marseille pour rejoindre Garcia, il prend pour la première fois la gestion d’une équipe de Ligue 1. Un choix qui peut faire peur à plus d’un, et qui au final n’a pas porté ses fruits.
Beaucoup trop fébriles dans le domaine défensif et avec des difficultés criantes en attaque, le DFCO continue dans ses travers et ne trouve pas la recette miracle. Pendant les six premières journées de Ligue 1, la sauce Jobard ne prend pas et l’équipe stagne dans la zone rouge.
Il faut attendre la septième journée pour obtenir un sursaut d’orgueil, qui va permettre aux Dijonnais de se relancer petit à petit. Grâce à une victoire lors de la douzième journée face à Paris, les Bourguignons quittent la zone rouge et ne descendront plus en dessous de la place de barragiste jusqu’à l’interruption du championnat suite à la pandémie de COVID-19.
Un arrêt qui arrive à point nommé pour Jobard et ses joueurs. En effet, malgré les nombreux matchs nuls engrangés avant le mois de mars, le jeu se dégrade progressivement et il n’était pas impossible que la relégation pointe le bout de son nez si la saison était allée à son terme. Le management de Jobard est critiqué par les fans, les choix sportifs également. Mais la direction se veut optimiste et confirme l’enfant du club à son poste avant le début d’une descente aux enfers.
Saison 2020/2021 : Au revoir la Ligue 1
Ancrée à son image d’équipe qui joue le maintien tous les ans, les inquiétudes fusent autour du club. Comment permettre à cette équipe de s’améliorer et dans quel système les joueurs sont efficaces ? La réponse, Jobard ne la possède toujours pas. Après avoir tenté plusieurs systèmes différents la saison précédente, l’inexpérimenté entraîneur peine à trouver sa recette miracle.
Pour s’aider, le club décide de réinvestir les ventes effectuées grâce aux départs de cadres de la saison dernière comme Nayef Aguerd, Alfred Gomis ou encore la fin de cycle de Julio Tavares, meilleur buteur du club. S’en suivent pas moins de douze recrues à tous les postes. De la jeunesse couplée à des paris de joueurs en manque de rythme, qui malheureusement s’avéreront peu efficaces dans le jeu.
Seconde problématique s’ajoutant à tout ceci est que la saison se joue sans public. En effet, lors du début de saison, la jauge de 5000 supporters a permis au club de faire venir ses fans pour retrouver la joie des matchs de foot. Cependant, avec la seconde vague, tout le pays se retrouve à nouveau confiné et les rencontres sportives cette fois-ci maintenues mais sans public jusqu’à la fin de l’année.
Le club, sans public, avec les cas COVID, et des soucis de synergie entre les joueurs, sombre sur le terrain. Sans solutions, des défenses bancales et des largesses défensives douteuses, Anthony Racciopi, dernier rempart Bourguignon, se retrouve jeté dans la cage avec les lions du cirque. Avec pas moins de 75 buts encaissés pour seulement le tiers de marqué, Dijon termine dernier du championnat et retrouve la Ligue 2 après six ans dans l’élite.
Un second souffle a tenté d’être insufflé par la direction en novembre 2020. Stéphane Jobard est mis à pied et David Linarès prend les commandes de l’équipe jusqu’à la fin de saison. Une solution qui ne portera pas ses fruits et la situation empire par rapport à la période Jobard. Pour autant, Olivier Delcourt croit en les capacités de Linarès à changer les choses en Ligue 2 et le confirme au poste pour la saison 2021/2022.
Saison 2021/2022 : Jolie sur le papier, moins gracieuse sur le terrain
Le Stade Gaston-Gérard sonne creux en ce début de saison 2021/2022. Malgré les habitués, le stade manque de couleurs et de fans de football. Il faut dire, l’agglomération de Dijon permettait à plusieurs communes sur un périmètre large de venir voir de la Ligue 1 un samedi ou dimanche après-midi. Sinon, il fallait se rendre à Lyon, Troyes ou Reims, ce qui représente des distances plus difficiles à réaliser pour les locaux.
Qui dit descente dit fuite des talents. En l’occurrence, Dijon possédait peu de profils à forte valeur marchande. Pour compenser, plusieurs renforts – principalement au milieu et en attaque – ainsi que l’intronisation des jeunes dans le groupe professionnel. Le directeur sportif Gérald Bonneau, tout droit arrivé du Servette Genève, a réalisé un pari sur des joueurs cadres de leurs clubs en Ligue 2 puis le retour de Baptiste Reynet. Pour bâtir une équipe capable de rivaliser avec la Ligue 2, la direction sportive s’attache les services de cadres du championnat.
C’est dans cette logique qu’arrivent Valentin Jacob (Niort), Mickaël le Bihan (Auxerre), Christopher Rocchia (Marseille, prêté à Sochaux les 2 saisons précédentes) ou encore Jessy Pi (Caen). Ils seront accompagnés par des jeunes, des recrues d’expérience (Daniel Congré, Lucas Deaux, Zargo Touré) et Aurélien Scheidler de retour de prêt.
La saison démarre de la plus mauvaise des manières avec cinq défaites et un nul en juillet et août. Ce qui pousse la direction à limoger David Linarès dès août. Son remplaçant, Patrice Garande, tente des approches tactiques différentes, mais le courant est alternatif dans les résultats. L’équipe manque de cohésion et les individualités ne compensent pas les lacunes collectives. Capable du meilleur comme du pire, la Chouette termine à la 11ème place du classement.
Un contraste se profile dans les décisions de recrutement et le coaching de Garande. L’ancien Caennais se met à dos le vestiaire et la direction et décide de quitter le club à la fin de la saison. Les recrues de Ligue 2, qui semblaient excellentes sur le papier, n’apportent pas le succès escompté, et démontrent que si la tactique ne tournent pas autour d’eux comme dans leurs anciens clubs, alors leur apport est moindre.
Saison 2022/2023 : Retour au monde semi-pro
Une première année d’adaptation en Ligue 2 compliquée, un recrutement qui ne fait pas mouche, il est temps de faire table rase pour Dijon. C’est dans cette optique qu’Olivier Delcourt introduit Omar Daf à la tête de l’équipe. Le technicien Sénégalais, en poste à Sochaux depuis 2018, doit propulser Dijon parmi les prétendants à la montée dans une Ligue 2 à deux montées et quatre descentes. Il apporte avec lui tout son staff technique pour mener à bien sa mission.
Au niveau des mouvements, Omar Daf ramène dans ses valises Ousseynou Thioune de Sochaux et Idrissa Camara de Turquie. S’ajoutent l’ailier virevoltant Xande Silva (Nottingham), Walid Nassi (Stade Briochin) et Loum Tchaouna en prêt (Rennes). Dans l’autre sens, peu de départs hormis les indésirables et Aurélien Scheidler à Bari en été, puis le reste du loft (Konaté, Deaux, Dobre, Celina) en hiver.
La saison démarre de la bonne manière pour Dijon avec des victoires contre Metz, Nîmes et Saint-Etienne et des nuls contre Pau et Caen. Toutefois, le club va traverser une période de disette qui trainera jusqu’à la trêve de la Coupe du Monde. A ce moment-là, Dijon pointe à la place de premier relégable après quinze journées. Une victoire contre Laval au retour du championnat redonnera un espoir de courte durée. En effet, les faiblesses dans le jeu ainsi que l’inflexibilité tactique de Daf, cantonné dans un 4-2-3-1 inefficace, continueront de creuser la place de Dijon parmi les relégables.
Le 3 avril, Omar Daf est prié de plier bagages et est remplacé par Pascal Dupraz. Le Savoyard recupère un effectif sans réel renforcements en hiver et doit trouver la recette pour compenser le retard de points avec les non-relégables en seulement neuf journées. Un pari qui réussit dès le premier match avec une victoire contre Rodez. Le club enregistre avant le dernier match quatre victoires et quatre défaites, mais reste dans la zone rouge avant d’affronter Le Havre.
Le travail réalisé par Dupraz redonne beaucoup d’espoir. Subissant beaucoup moins d’occasions, une grosse série de matchs sans défaite s’enclenche, et les performances individuelles s’en ressentent. Bryan Soumaré porte le collectif, Adama Fofana s’est enfin révélé comme solide défensivement, Le Bihan marque au compte-gouttes… Mais il n’y aura pas de miracle. Dijon perd des points précieux contre Paris et Annecy en prenant des buts évitables. Et dans le même temps, les candidats au maintien (Rodez, Laval, Pau, Valenciennes) réalisent une remontada sur la même période. Incapables de percer la défense Havraise, Dijon perd sur le match décisif et retrouve le National après 19 ans dans le monde professionnel. Et ce n’est pas l’invasion du terrain trop précoce des supporters qui y changera grand-chose.
Quel avenir pour la suite ?
Pour la saison prochaine, Dijon devra reconstruire de nouveau une équipe qui permettra de satisfaire les ambitions de la direction. Le plus important sera bien évidemment de remonter rapidement. Comme le stipule le règlement, Dijon conserve le statut professionnel pour deux saisons, voire une troisième sur autorisation de la LFP, la DNCG et justification de l’attribution de licence professionnel de la Ligue.
Grâce à ce statut conservé, le club conserve l’accréditation de son centre de formation flambant neuf. Une aubaine, puisque le club possède des infrastructures qui lui permettront de repartir peut être avec des jeunes qui auront à cœur de participer au projet. Dans les jeunes concernés, les yeux seront rivés sur Yanis Chahid, Rayane El-Khamali, Loic Etoga ou encore Reda Benchaa.
Depuis quelques mois, des rumeurs circulent sur une possible vente du club. En effet, selon différentes sources, Olivier Delcourt, dont la passivité a été très critiquée, cherche à vendre le club. Avec cette descente, la valeur vient de chuter en flèche et il faudra peut être revoir le prix à la baisse.
C’est une descente rapide et brutale que subit le DFCO en à peine six années. D’une saison pleine de promesses en 2018 à une dégringolade en National en 2023, tout arrive très vite dans le football. Il faudra désormais penser à l’avenir et espérer pour le club que le futur soit plus radieux. D’autant que les investissements mis dans la rénovation du stade et le centre d’entraînement dernier cri méritent d’être plus haut. Bon courage aux supporters, à Olivier Delcourt et aux salariés du club pour les prochains mois à venir.